Queens & Kings of Bel Canto

22 août 2006

Mariella Devia dans Lucia di Lammermoor


Autre grande scène de folie célèbre.
Pour marier de force la virginale Lucia à un riche et vieux barbon et ainsi redresser les finances de la famille, on lui a fait croire que son amant s'était définitivement désintéressé d'elle.
Elle signe le registre avec un immense dégoût et un désespoir certain.
Evidemment, à peine sa signature aposée, son amant réapparait en plein milieu du mariage et la traite d'infidèle, ce qui n'améliore pas son équilibre mental.
La nuit de noce est tragique : elle sort de la chambre nuptiale un poignard ensanglanté à la main.
Elle a tué son mari et a perdu définitivement la raison.
La longue scène de folie à l'issue de laquelle elle tombera quasi morte commence alors.
Hors de toute réalité, Lucia réinvente le mariage dont elle avait rêvé.
Mariella Devia vient de chanter à Milan la dernière Lucia de sa carrière.
Je l'avais vue le chanter à Bastille il y a plus de 10 ans.
Elle est hallucinante (pour peu qu'on accepte de croire en une virginale Lucia incarnée par une diva ménopausée !) et ce qui se passe à partir de la septième minute m'a toujours paru surnaturel.
Mais la scène ne s'arrête pas là. On n'en est qu'à la moitié. La suite n'est pas moins éprouvante :


Mais Scotto, Sutherland ou Gruberova tombent très bien aussi !

Lucia Aliberti dans I Puritani


On trouve des scènes de folie dans beaucoup d'Opera de Bellini et de Donizetti.
Ici, dans le dernier Opera composé par Bellini, Elvira perd momentanément la tête lorsqu'elle apprend que son bien aimé a été condamné à mort.
Elle est alors la principale protagoniste d'une longue scène durant laquelle sa folie passe par plusieurs stades, à peine interrompue de temps à autres par les commentaires attristés de son entourage qui assiste impuissant à son délire.
La scène se termine ici par une cabalette durant laquelle elle appelle son amant (pourtant absent) à s'enfuir avec elle pour echapper à tous leurs tourments.
Ce sont des morceaux de bravoure dans lesquels Callas ou Sutherland ont hissé la barre très haut. Mais je trouve que les Gruberova, Anderson, Dessay et quelques autres comme ici Aliberti sont aussi tout à fait à leur place dans ce répertoire.

June Anderson dans La Sonnambula


Rossini a introduit un style de finale qui sera souvent repris par Donizetti et Bellini : un grand air interprété par l'héroïne soutenu par le choeur et les autres protagonistes. Lorsque l'Opera est tragique, en général elle s'écroule morte ou presque à la fin.
Lorsque comme ici l'histoire se termine bien, c'est la liesse générale qui s'exprime par un feu d'artifice vocal pour lequel June Anderson étincelle ici brillamment.
(j'adore ici l'indiscipline du public qui applaudit avant la fin et se barre à peine le rideau tombé).

Roberto Alagna Dans L'Elisir d'Amore


Una furtiva Lagrima...
Pierre de touche des ténors qui s'y frottent tous de manière différente.
Pavarotti en fait un grand moment dramatique.
Florez au contraire y met plus de virtuosité charmeuse que d'âme amoureuse.
Villazon semble y vivre une crise existentielle de premier ordre.
J'aime l'interprétation plus romantique d'Alagna, tout en émouvante et sensuelle séduction.

Samuel Ramey dans Semiramide


Comme ça manquait de voix de basse par ici pour le moment, j'ai choisi clui que je préfère dans ce registre...
Qu'il interprète Mozart, Rossini, Verdi ou Offenbach, il m'impressionne toujours.
Ce grand air d'Assur dans Semiramide est un grand air typique des opera belcantistes : une première partie lente qui permet à l'interprète de faire preuve de ses talents expressionnistes, une transition centrale avec intervention du choeur, puis la caballette, plus rapide qui lui permet de faire la démonstration de toute sa virtuosité, soutenu par le choeur qu'il doit dominer pour la note finale.

18 août 2006

Maxim Mironov dans L'Italiana In Algeri


Alors lui, c'est quand il veut, où il veut.....
Bien que je lui préfère Florez vocalement, je lui trouve scéniquement quelques attributs forts séduisants....
à suivre....

Natalie Dessay dans Les Contes d'Hoffmann


J'ai eu la chance d'assister à cette réprésentation aussi.
La présence scénique et l'aisance vocale de Dessay, même dans un très court rôle doit pouvoir convaincre tout un chacun qu'on ne s'ennuie pas forcément à l'Opera...
Quel abattage !
(On voit la même scène mieux filmée ici par Désirée Rencatore qui n'y démérite pas et ici une Dessay plus sage dans une dans mise en scène plus glauque et enfin ici elle fait encore des éclats dans une représentation très venteuse à Orange)

Juan Diego Florez dans La Cenerentola


J'ai eu la chance d'aller cet été là à Pesaro pour assister à cette réprésentation.
J'ai été violemment impressioné par son Don Ramiro.
Son physique de jeune premier, sa voix d'airain et ses vocalises aériennes...
J'étais séduit et envouté.
D'autant que cet air est un de mes préférés parmi ceux que Rossini a composé poue ténor.
Et que La Cenerentola reste pour moi source d'un insurpassable plaisir opératique....

Joan Sutherland dans Norma


Vocalement l'héritière directe de la précédente, Dame Joan est d'une autre stature...
Après l'incandescente Maria, cette majestueuse australienne a continué de préparer le terrain pour les suivantes dans un répertoire un peu oublié durant les décénies précédentes....
On l'entend ici interpréter justement la cabalette du premier air de Norma. Cette cabalette s'enchaine en principe directement au Casta Diva..

Maria Callas Dans Norma


Que dire ?
Cet air-là par cette femme-là...
Déjà, l'entendre est grandiose, mais en plus la voir !
Quel bonheur !
... et quel malheur de n'être pas né plus tôt....
(à noter que comme ce qui se passe dans de nombreuses compilations, l'air n'est pas donné ici dans son intégralité, c'est à dire avec la cabalette finale qui donne de la Druidesse un aperçu plus conforme de son caractère....)